Le nom de notre association, qui implique l’accueil de volontaires bénévoles, en permanence, est-il adapté à la situation d’aujourd’hui ? Dit autrement : l’appel aux volontaires est il utile, nécessaire, indispensable, au Volontariat ? Quelle est notre position au sujet des bénévoles? De plus, à l’heure où pour la plupart des ONG oeuvrant en Inde, leur nom est emprunté à l’une des langues de ce pays, pourquoi, alors, avoir choisi le nom de VOLONTARIAT, en 1966 ?
Qu’est ce qu’un volontaire ? C’est, par définition, une personne qui concrétise son désir de participer activement, de manière bénévole et au sein d’un organisme, à une activité humanitaire. C’est un bénévole, donc non salarié de l’association d’accueil, il met parfois sa vie professionnelle entre parenthèses pendant le temps qu’il consacre à son bénévolat.
Au sujet du nom « Volontariat ». En 1962, Madeleine Herman partait en Inde, avec l’appui de l’abbé Pierre, dont elle fut la 1ère volontaire dans ce pays. Ayant fait avec lui une tournée des communautés Emmaüs scandinaves naissantes, elle y avait rencontré de nombreuses personnes qui partageaient avec lui la même philosophie, être au service d’une Cause : « Sers Premier qui souffre plus que toi ». Dès les années cinquante, l’abbé Pierre créa ou fut l’inspirateur de nombreux mouvements de volontaires dans le monde.
C’est avec cette philosophie et ce principe de bénévolat que Madeleine prit sa décision de quitter, pour un temps, son milieu familial et son milieu professionnel pour Pondichéry, Inde du sud. Volontaire, elle le fut et eut la participation de nombreux étudiants franco-pondichériens du Collège français. Puis d’autres volontaires, non indiens, notamment du Service civil international, vinrent l’épauler.
A Oupalam (Pondichéry), Madeleine commença ses activités avec ses propres ressources, réduites, et une petite aide de l’abbé Pierre qui fondit vite. Pour poursuivre son action auprès des plus pauvres, elle eut besoin du soutien régulier qu’elle trouva dans sa Belgique natale, en lait condensé sucré, médicaments, vêtements de récupération et en argent. Pour cela, dès 1963, elle créa une association locale pouvant recevoir les dons d’Europe et c’est tout naturellement que le nom VOLONTARIAT fut choisi et enregistré au registre des associations du Territoire de Pondichéry en 1966 (N° 38).
Pendant plusieurs années, le Volontariat eut recours aux forces vives de bénévoles étrangers et locaux. Mais déjà certaines tâches étaient salariées: distribution du lait, dispensaire, petits artisanats mis en place pour procurer un revenu régulier à des familles dans la misère. Il fallait un médecin, un comptable, l’association commençait à se structurer et se professionnaliser.
Aujourd’hui, le Volontariat a grossi pour devenir la plus importante ONG de Pondichéry. Ses activités se sont diversifiées, plus de 150 salariés permanents ou temporaires, un Directeur, des responsables de programmes, des travailleurs sociaux, une section administrative et une section entretien. Tous les postes de travail sont tenus par des salariés locaux. Les seuls bénévoles permanents sont les membres de l’association Volontariat, avec Président, Secrétaire général, trésorier et membres, qui chapeautent, contrôlent et sont les garants juridiques de la politique suivie par l’association et de l’ensemble des salariés.
En conséquence, le Volontariat ne fonctionne plus, depuis longtemps, sur la base du bénévolat. Si de nombreux visiteurs sont accueillis tout au long de l’année, groupes de passage, marraines et parrains, jeunes en vacances ou retraités, etc, l’activité volontaire reste marginale par rapport aux activités salariées.
Et pourtant les demandes de bénévolat humanitaire affluent toujours autant. Les vacances solidaires sont à la mode, aussi les candidats tapent-ils souvent le mot « volontariat » sur leur moteur de recherche Internet qui les guide rapidement sur le site du « Volontariat en Inde », …. D’où confusion, car avec un tel nom, nous devrions pouvoir les accueillir et leur confier une « mission humanitaire » !
Le nom VOLONTARIAT n’est donc plus adapté aujourd’hui si on s’en tient à sa définition. Une création actuelle porterait un nom en Tamoul ou en Sanskrit : c’est ce qui existe pour des programmes : Atelier Shanti, OM Shanti et pour la dénomination de nos centres : Selvanilayam, Sakthi Vihar, Touttipakkam, Souriya, Nila Illam, etc. Cependant nous sommes connus et reconnus, en Inde et en Europe, sous ce nom, depuis 1966. Nous sommes enregistrés et les comités de soutien le sont aussi, sous ce nom. Il n’est donc pas envisageable de changer celui-ci qui fait notre identité et notre fierté.
Notre position sur le volontariat et les volontaires est résumée dans les quelques points suivants:
1- L’organisation du Volontariat à Pondichéry n’est plus basée sur les volontaires bénévoles étrangers.
2- Tous les postes de travail sont salariés et tenus par des indiens, aucun étranger, surtout venant avec un visa de tourisme, ne peut recevoir de salaire ou d’avantages en nature de la part du Volontariat à Pondichéry.
3- L’accueil de volontaires est cependant important, car ceux-ci sont les témoins de notre action envers les plus défavorisés et nous espérons que certains nous aideront, une fois revenus en Europe. En effet, si nous pouvons maintenir et développer la plupart de nos activités en Inde, c’est uniquement grâce aux efforts et à la persévérance des personnes qui oeuvrent bénévolement en France et en Belgique (information, parrainages, achat d’artisanat, etc) et nombre d’entre elles ont découvert le Volontariat, au moins une fois, à Pondichéry.
4- Les bénévoles que le Volontariat est amené à accueillir ne se voient confier, sauf exception, aucune « mission humanitaire ». Ils s’insèrent dans les programmes existants.
5- Autrefois, les volontaires étrangers pouvaient être logés et nourris gratuitement en regard de leur bénévolat. Depuis longtemps, l’association Volontariat leur demande de se prendre entièrement en charge.
6- Les demandes de bénévolat s’étalent sur presque toute l’année, sauf en mai et juin qui correspondent au plus chaud de l’été indien, mais avec deux pics de fréquentation: entre fin décembre et mars, saison fraîche, et entre juillet et septembre, vacances d’été européennes. Nous devons alors limiter l’accès de ces voyages découverte et limiter la durée de séjour des bénévoles à quelques semaines, la charge devenant trop lourde pour l’équipe responsable.
7-Enfin les comités de soutien en France et Belgique ont aussi besoin de bénévoles pour tenir les permanences, participer aux expo-ventes extérieures, développer le parrainage, etc . Nous en avons bien souvent aiguillés vers eux, mais manque d’exotisme, difficulté d’insertion?, nous n’avons pas eu beaucoup de succès !
Texte revu le 8 février 2018